Bien qu’elle y soit peu évoquée, la question des rapports entre les émotions
et la recherche est un enjeu clé dans les sciences sociales. Non seulement
elle est évoquée autour de l’idée de l’intelligence émotionnelle (Livet 2002),
mais elle se pose aussi dans les débats sur les liens entre l’épistémologie,
l’éthique et la recherche de terrain, et spécifiquement sur des terrains
complexes et sensibles (Ansoms et al. 2021). Mais si la discussion autour des
émotions dans la recherche s’est plus concentrée sur les défis émotionnels
liés au contexte de travail de terrain, elle s’est beaucoup moins occupée des
relations de pouvoir inhérentes à la positionnalité des chercheurs.
Dans ce texte, nous investiguons la place des émotions dans la recherche
de terrain en se donnant pour objectif d’orienter les débats relatifs aux défis
émotionnels dans la recherche vers la justice dans la production des savoirs,
inévitablement associée à celle des rapports de pouvoir dans la recherche. Pour
commencer, nous nous demandons : quelles sont les difficultés émotionnelles
auxquelles des chercheurs du Sud, y inclus les assistants de recherche. . .